lundi 21 mars 2011

The Great Outdoors


J'ai été bercée tout au long de mon enfance par des récits de cowboys, de grands chevaux noirs et de terres sans fin. Mon père était fasciné par le Far West. Encore maintenant, parfois, je fuis la réalité et je rêve d'une petite maison plantée au milieu du désert à laquelle serait annexé un enclos. Une jument piétinant d'impatience n'attendrait que le moment où je déciderais de l'enfourcher, de partir au grand galop vers l'horizon, ne laissant que derrière nous une trainée de poussière. 


L'été de mes 10 ans, ma famille et moi sommes partis à l'aventure : un voyage de camping à travers l'Ouest américain. Pendant trois semaines, nous avons parcouru les parcs nationaux de la région. Je garde des souvenirs merveilleux de ce voyage, des heures passées à grimper sur les roches quasi-marsiennes de Monument Valley ou à courir dans les champs, armés de nos étoiles de rangers, qui, nous le savions bien, ne nous protègeraient pas des serpents à sonnettes ou des coyotes blottis dans l'herbe. 


Un des souvenirs les plus marquants de ce voyage est sûrement celui d'un homme que mon frère et moi avions épié du haut d'une colline dans la forêt, ce dernier avait passé des heures à hurler des insultes au ciel. Pourrait-on trouver meilleur endroit qu'une immense forêt pour rugir et aboyer contre la vie? Le Far West pour moi était symbole de liberté et d'authenticité.



L'hiver dernier, je suis retournée au Far West, tout près de Yellowstone Park, plus précisément au Wyoming à Jackson Hole, région que Josh Fox nomme dans son film : "One of the most beautiful places in the United States". Les paysages sont absolument fascinants et la place qu'a la naturedans cet état peu populeux est monumentale : de grandes plaines balayées par le vent froid de janvier où broutent bisons et élans. Celles-ci sont encerclées de buttes arrondies se transformant en immenses montagnes escarpées. Entourée de ces formations millénaires, j'avais l'impression de retrouver ma juste place sur Terre. En voyant un troupeau de bisons, j'ai senti monter en moi mon instinct carnivore : le désir de m'emparer d'une lance et de pourchasser l'un de ces colosses m'envahissait.

J'étais renversée par l'idée que 25 000 acres étaient protégés, afin d'assurer le maintien du paturage d'hiver de près de 5000 wapitis et ce, sans compter les 9000 km carrés du parc Yellowstone, premier parc national du monde, qui à sa porte d'entrée affiche la phrase suivante : "For the benefit and enjoyment of the people." Enfin! Une idée merveilleuse qui avait maintenant plus d'un siècle et qui avait réussi à résister à l'homme. 

Quelle ne fut pas ma déception en apprenant, par le film GasLand quelques mois plus tard, que tout ceci n'est qu'une façade pour l'exploitation du gaz de schiste.  La situation me rappelait vaguement la situation dénoncée par 'L'Erreur Boréale' de Richard Desjardins : la coupe à blanc de notre forêt boréale, que l'on cache derrière un mince écran d'arbres. 

Ce qui m'avait fait sentir si petite et qui m'avait donné l'impression de comprendre le juste équilibre entre l'homme et la nature n'était en fait qu'un décor de carton, fait pour bercer mon imaginaire de touriste. The Far West was long gone.









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